©2014 - Fouèse - Tous droits réservés
Identifiants : SIRET 530 797 885 00015 - Maison des Artistes H 357 583
fouèse parcours - presse
Octobre 2015 - article de Jean Louis Roux - Les Affiches de Grenoble
Mai 2014 - article d'Emmanuelle Gautier
Si certains artistes puisent dans leur mal-être le carburant de leurs œuvres, Fouèse n'a, quant à elle, « pas besoin de souffrir pour peindre ». Praticienne de haut vol de l'exercice équilibriste consistant à s'établir pleinement dans l'instant présent, cette éternelle émerveillée semble avoir développé une particulière affinité avec le bonheur d'être ici plutôt que là.
Qu'elle se plonge dans la contemplation des arbres, qu'elle suive le cours d'un ruisseau de montagne, qu'elle tire le portrait des « rochers de rencontre » ou qu'elle s'abandonne aux aléas ludiques des rituels d'itération picturale (RIP), c'est du plaisir d'être, ici et maintenant, qu'elle distille le suc, inlassablement.
Au commencement, donc, est la sensation : l'odeur du rocher chaud sous la main du grimpeur, les sentiers et passages mille fois parcourus d'un village de l'enfance, la rugosité du tronc enlacé, la rivière descendue à la nage...
En écho, pour l'œil spectateur, c'est bel et bien la qualité de présence de l'artiste qui transparaît dans ses œuvres, qu'elles soient graphiques, picturales ou photographiques. Concentration sans acharnement, attention sans agrippement.
Le regard aiguisé et baladeur de Fouèse se joue des frontières et des catégories. La roche ondule, se ravine et s'étale comme la chair. Les membres se nouent et se déploient, vivantes branches nourries de sève. Le corps vibre, sourd et se cabre, tel une rivière. Les intervalles, les passages, les rais de lumière se fraient un chemin de couleur.
Être ou ne pas être figuratif, là n'est pas la question. Fouèse est sensible aux lignes, aux traces. Plus que tout, ce sont les correspondances souterraines qui comptent pour elle, de celles qu'évoque Baudelaire :
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Fouèse est aussi une exploratrice. Délibérément et extraordinairement éclectique dans le choix de ses techniques de travail. Avec la photographie, elle capte la magie et l'étrangeté de l'ordinaire : reflets, courants et remous, bizarreries végétales... Son usage de l'acrylique révèle un sens gourmand de la couleur et des superpositions de matières.
Avec la peinture à l'encre tch'an et sumi-e, elle prend le contre-pied de ce foisonnement créatif et assouvit son besoin d'épure, trait et vide à l'unisson.
L'aquarelle l'ancre dans l'immédiateté, au gré de ce qu'elle appelle joliment les « hasards de lavis ».
Rien n'est, pour elle, plus jubilatoire, que de creuser un unique sillon en variant les méthodes et les outils. L'unité dans la diversité.